La Grande cause nationale sur la santé mentale est l’occasion d’une mise en lumière des enjeux de la santé mentale, tant sur le plan individuel que collectif. Elle permettra une meilleure information du public et une réflexion globale sur ce qui pourrait améliorer la santé mentale de la population.

La journée mondiale des troubles bipolaires, le 30 mars, donne l’occasion de parler spécifiquement de ces troubles qui, malgré leur fréquence relativement élevée, restent encore l’objet de fausses représentations dans la société.

Le trouble bipolaire est une affection de santé mentale chronique caractérisée par des changements d’humeur extrêmes. Les personnes vivent ainsi alternativement l’expérience de périodes de manie (définie par une exaltation extrême, une expansivité et/ou une irritabilité, associées à une activité accrue) et de dépression au cours de la vie.

Au niveau international, on estime qu’environ 1 adulte sur 150 (40 millions de personnes, soit 0,53 % de la population mondiale) vit avec un trouble bipolaire. Il s’agit de la sixième cause mondiale de handicap selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Un nombre équivalent d’hommes et de femmes vivent avec ce trouble, mais il est plus souvent diagnostiqué chez les femmes. L’âge d’apparition se situe généralement entre 15 et 25 ans, mais le diagnostic est souvent tardif et posé après 9 ans en moyenne. Des troubles bipolaires peuvent également être diagnostiqués plus tard dans la vie , à 50 ou 60 ans, souvent à l’occasion d’un épisode dépressif résistant.

Principaux symptômes des troubles bipolaires

Il existe deux principaux types de trouble bipolaire, en fonction des épisodes maniaques ou hypomaniaques (humeur très élevée) et dépressifs vécus.

Le trouble bipolaire de type I est caractérisé par un ou plusieurs épisodes maniaques, entrecoupés d’épisodes de dépression qui deviennent généralement plus fréquents avec le temps. Le trouble bipolaire de type II quant à lui comprend un ou plusieurs épisodes hypomaniaques et au moins un épisode dépressif, mais sans épisodes maniaques.

Episode dépressif

La dépression est la présentation initiale la plus fréquente, si bien qu’environ 75 % de la période symptomatique est constituée d’épisodes ou de symptômes dépressifs. Ces épisodes se caractérisent par des sentiments de tristesse, d’irritabilité ou de vide qui s’accompagnent parfois d’une perte de la capacité à éprouver du plaisir ou de l’intérêt pour des activités auparavant appréciées. D’autres symptômes sont également présents, dont notamment :

  • des difficultés de concentration,
  • un sentiment de culpabilité excessive ou une faible estime de soi,
  • du désespoir face à l’avenir, des troubles du sommeil,
  • des fluctuations de l’appétit ou du poids,
  • une fatigue intense ou une perte d’énergie.

L’épisode dépressif se distingue des fluctuations de l’humeur : lors d’un épisode dépressif, les symptômes sont présents la majeure partie de la journée, presque tous les jours, pendant au moins deux semaines.

Des idées suicidaires peuvent aussi faire partie des symptômes des épisodes dépressifs. En parler est essentiel car le risque suicidaire est plus élevé pour les personnes concernées par ce trouble. Le taux annuel de suicide est ainsi d’environ 0,9 % chez ces personnes, alors qu’il est de 0,014 % dans la population générale.

Épisode maniaque

Au cours d’un épisode maniaque, la personne présente une humeur extrêmement élevée et un niveau d’énergie important qui peut s’accompagner d’un sentiment d’euphorie, de sautes d’humeur ou d’émotions envahissantes (rire incontrôlé, irritabilité exagérée…). Il s’agit de changements concernant le comportement et le ressenti habituels des personnes qui durent au moins 1 semaine.

Ces changements d’humeur et de niveau d’activité s’accompagnent d’autres symptômes caractéristiques, dont les plus fréquents sont :

  • sentiment exagéré d’estime de soi,
  • tendance à parler vite et à passer rapidement d’une idée à l’autre,
  • difficultés à se concentrer et tendance à être facilement distrait(e),
  • réduction du besoin de sommeil,
  • comportement imprudent ou à risque (par exemple, dépenses excessives, rapports sexuels non protégés, consommation d’alcool, intention de se faire du mal ou de faire du mal à autrui)
  • sentiment durable et erroné de grandeur ou de persécution (par exemple : « Je suis une personne célèbre », « Mon voisin m’espionne »).

Pour certaines personnes, ces symptômes apparaissent de manière moins intense et perturbante. Ces épisodes sont appelés des épisodes hypomaniaques.

Lutter contre la stigmatisation et les idées reçues

La cause exacte du trouble bipolaire n’est pas connue. Plusieurs facteurs – notamment biologiques (génétiques, par exemple), psychologiques, sociaux et structurels – peuvent favoriser son apparition et influer sur son évolution et son issue.

Cependant, des idées fausses sur ce trouble attribuent souvent son origine et évolution soit à l’éducation, donc à la responsabilité de la famille, soit à des traits de caractère de la personne concernée, donc à la responsabilité de la personne elle-même. Ces préjugés ont un retentissement néfaste sur l’image que les personnes concernées et leurs familles ont d’elles-mêmes et de leurs capacités à se rétablir et participer à la vie collective. Ils sont aussi à l’origine de retards dans le diagnostic et de difficultés pour adhérer aux soins.

De plus, ces idées fausses favorisent l’exclusion sociale et peuvent limiter l’accès aux études, à l’emploi et au logement privant ainsi les personnes de puissants facteurs de protection en santé mentale. Par exemple, avec des adaptations si besoin, le travail favorise le rétablissement en conduisant à une meilleure qualité de vie et à une plus grande estime de soi.

Il existe pourtant plusieurs options de traitements efficaces et le rétablissement est possible. En effet, grâce au soutien des proches, de l’inclusion sociale et des soins appropriés, les personnes vivant avec un trouble bipolaire peuvent maîtriser leurs symptômes et mener une vie enrichissante et productive.

S’informer et trouver des ressources

  • Le dispositif Mon Soutien psy permet à toute personne, dès l’âge de 3 ans présentant des troubles psychiques d’intensité légère à modérée, de bénéficier de 12 séances d’accompagnement psychologique par an prises en charge par l’Assurance maladie. Pour prendre rendez-vous avec un psychologue partenaire du dispositif, un annuaire est disponible en ligne. Il est par ailleurs toujours possible de consulter son médecin ou sa sage-femme afin d’évoquer le besoin en accompagnement psychologique.
  • Le numéro national de prévention du suicide 3114, accessible gratuitement 24h sur 24 et 7 jours sur 7 en tout point du territoire national, s’adresse aux personnes en souffrance psychique, à leur entourage et aux professionnels qui les accompagnent. Ce service est assuré par des professionnels hospitaliers, infirmiers ou psychologues spécifiquement formés à l’écoute, l’évaluation, l’orientation et l’intervention auprès des personnes en crise suicidaire.

    Psycom, organisme public d’information sur la santé mentale, propose sur son site internet des contenus complets d’information, d’orientation et de sensibilisation sur la santé mentale. Il fournit de nombreuses ressources pour accompagner les personnes dans leur recherche d’aide et recense des annuaires locaux de structures de soins et d’accompagnement, des lignes d’écoute et des associations d’entraide.
  • ARGOS 2001 est une association nationale de patients et de proches au service des personnes et des proches de personnes concernées par un trouble bipolaire. Ses activités prennent appui sur le savoir-faire expérientiel de pairs patients ou de pairs proches. L’association propose des informations pour les personnes et leurs proches, des groupes de parole, un accueil… Le calendrier des activités de chacune des 14 antennes de l’association sur le territoire national est publié sur son site internet.
  • La maison perchée est une association non médicalisée, spécialisée pour les jeunes adultes vivant avec un trouble psychique, et basée sur la pair-aidance. L’une de ses missions est d’accompagner, en ligne et à Paris, les jeunes adultes vivant avec un trouble bipolaire, schizophrène et borderline ainsi que leur entourage.
  • Les Clubhouse sont des lieux qui accompagnent les personnes concernées par un trouble psychique vers une insertion sociale et professionnelle. Il existe des Clubhouses à Bastia, Bordeaux, Lille, Lyon, Nantes, Paris, Rennes, Marseille, Rouen, Dijon et Grenoble.
Le saviez-vous ? Il est possible de se former au secourisme en santé mentale. Ce programme, mis en place en France depuis 2018, est conçu sur le modèle des gestes qui sauvent. Il vise à une meilleure connaissance de la santé mentale, des troubles psychiques, de leur repérage et des conduites à tenir en cas de problème ou de crise.

Pour plus d’informations : consultez le site de PSSM France.

Pour en savoir plus :