Le Pr Solène-Florence Kammerer-Jacquet, pathologiste au CHU de Rennes, et le Dr Laurent Tréluyer, DSI de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF), ont remis à la mi-2025 un rapport ministériel sur la politique de numérisation de l’anatomie et cytologie pathologiques, appelé à structurer la transition numérique de cette spécialité médicale stratégique.

Remise à M. Yannick Neuder du rapport de la mission ministérielle sur la politique de numérisation de l
Remise à M. Yannick Neuder du rapport de la mission ministérielle sur la politique de numérisation de l’anatomie et cytologie pathologiques par le Pr Solène-Florence Kammerer-Jacquet et le Dr Laurent Tréluyder

Cette mission, confiée par le ministère de la Santé, vise à accélérer le déploiement de la pathologie numérique en France, à anticiper l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA) dans les pratiques médicales, et à renforcer l’attractivité, l’organisation et la résilience de la discipline.

S’appuyant sur des expertises de terrain, des échanges avec les professionnels et les retours d’expériences existants, les rapporteurs ont structuré leurs préconisations autour de huit enjeux fondamentaux, complétés par une proposition de création d’une plateforme nationale.

  • Enjeu organisationnel

Réorganiser la spécialité à l’échelle territoriale en priorisant les projets multicentriques, en favorisant les coopérations interrégionales via les Groupements de coopération sanitaire (GCS), et en s’appuyant sur les retours d’expérience partagés par l’Agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale (ANAP).

  • Enjeu infrastructure

Soutenir l’équipement des laboratoires en scanners, logiciels, serveurs et solutions de stockage, tout en garantissant l’interopérabilité, la mise en concurrence et l’ouverture des systèmes (API, formats standardisés).

  • Enjeu éthique et réglementaire

Anticiper les questions relatives à la protection des données, à la responsabilité médico-légale des solutions d’IA, et à l’information des patients, notamment dans le cadre de la recherche.

  • Enjeu écologique

Évaluer systématiquement l’impact environnemental des projets de numérisation et optimiser les modalités de stockage, en lien avec les recommandations du collectif TEAP.

  • Enjeu économique

Pérenniser les financements publics via des enveloppes dédiées (FMIS) distribuées par les Agences régionales de santé (ARS), et initier une réflexion sur le financement de la numérisation dans les structures privées.

  • Enjeu expertise

Permettre un accès facilité à l’expertise, notamment par la télépathologie, et soutenir les pathologistes isolés, y compris dans les territoires d’outre-mer.

  • Enjeu formation

Adapter les formations initiales et continues à la transformation numérique, en lien avec le Collège des pathologistes, les universités, les écoles d’ingénieurs, et encourager les cursus doubles Médecine/Sciences.

  • Enjeu intelligence artificielle

Encourager l’accès aux données (CNIL, EDS) pour développer l’IA, promouvoir les partenariats internationaux, définir un modèle médico-économique, et favoriser l’accès au marché des solutions d’IA (RIHN, HAS).

Une plateforme nationale pour les lames d’intérêt

« La numérisation de la pathologie est une avancée majeure pour la qualité du diagnostic, l’accès à l’expertise et l’innovation en santé. Ce rapport trace une voie claire pour moderniser une spécialité essentielle à notre système de soins. Il s’inscrit pleinement dans notre stratégie sur les données de santé et l’intelligence artificielle, qui vise à libérer le potentiel de l’innovation tout en garantissant la souveraineté et la confiance des citoyens. » déclare Yannick Neuder, ministre de la Santé et de l’Accès aux soins.

Les auteurs préconisent enfin la création d’une plateforme nationale regroupant des lames d’intérêt (enseignement, recherche, expertise), soutenue par le CNPath, la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), la Délégation au numérique en santé (DNS) et le ministère de l’Enseignement supérieur, avec un financement dédié et une articulation avec les EDS et initiatives européennes.

Ce rapport constitue une étape clé pour structurer la transformation numérique de la pathologie en France. Les modalités de mise en œuvre seront précisées prochainement.