Malgré une baisse significative du taux de décès par suicide ces vingt dernières années en France, le sujet reste un enjeu de santé publique majeur et une priorité pour le ministère en charge de la Santé. La journée mondiale de prévention du suicide, le 10 septembre, est l’occasion de rappeler que des dispositifs et actions existent, intégrés à la Feuille de route santé mentale et psychiatrie lancée en 2018.
La Stratégie nationale de prévention du suicide est un ensemble cohérent d’initiatives et de dispositifs innovants mis en place au plus près des personnes à risque et de leurs proches et associant de nombreux partenaires. Elle est intégrée à la Feuille de route santé mentale et psychiatrie depuis le lancement de celle-ci en juin 2018. Ses actions complémentaires sont coordonnées au niveau national par le Ministère du travail, de la Santé et de la Prévention, et pilotées par les ARS dans les territoires. Elles permettent d’apporter une aide concrète aux personnes en souffrance, mais aussi de former et d’outiller les intervenants, professionnels ou bénévoles, et de mieux étudier et comprendre les facteurs de risques.
Informer, repérer plus tôt, maintenir le lien et renforcer l’offre d’accompagnement et de prise en charge des personnes à risque suicidaire, constituent le socle de d’une action résolue pour prévenir le suicide.
Les actions et les dispositifs existent, sont efficaces, mais l’effort doit être poursuivi
La stratégie nationale de prévention du suicide se compose ainsi d’actions intégrées et mises en œuvre au plus près des personnes à risque suicidaire :
Le maintien du contact avec les personnes ayant fait une tentative de suicide : le dispositif VigilanS de recontact des personnes ayant fait une tentative de suicide, a désormais prouvé son efficacité. En effet, une évaluation de Santé publique France de 2023 montre l’impact du dispositif avec un risque de réitération suicidaire réduit de près de 40% dans l’année qui suit. Ce dispositif VigilanS, porté par des équipes hospitalières dédiées, est aujourd’hui opérationnel dans 99 départements sur 101 et avait accompagné plus de 20 000 personnes sur les 6 premiers mois de l’année 2024. Depuis 2021, le ministère en charge de la santé soutient, avec d’autres acteurs, le déploiement du secourisme en santé mentale en tant qu’il contribue à une meilleure information sur la santé mentale et permet de lutter contre la stigmatisation des troubles psychiques. On compte déjà plus de 130 000 secouristes formés en France. Démarche citoyenne accessible à toutes les personnes majeures, la formation de secouriste en santé mentale ne demande pas de prérequis. Le secouriste est entraîné à mieux repérer la souffrance psychique, adopter un comportement adapté, informer sur les ressources disponibles, encourager à aller vers les professionnels adéquats et, en cas de crise, agir pour relayer vers le service le plus adapté. Des formations au repérage, à l’évaluation du risque suicidaire et à l’intervention de crise auprès des personnes en crise suicidaire. Ces formations rénovées en 2019, avec des contenus adaptés aux rôles et compétences des personnes formées, depuis les citoyens volontaires « sentinelles en prévention du suicide » jusqu’aux professionnels de santé, ont pour objectif de créer des réseaux de personnes ressources dans chaque région. Des actions ciblées pour lutter contre le risque de contagion suicidaire, notamment grâce au programme PAPAGENO. Les personnes exposées directement ou indirectement à un événement suicidaire sont plus à risque d’avoir des idées suicidaires, ou même de passer à l’acte. Au niveau individuel, être exposé à un suicide multiplierait par 2 à 4 le risque de geste suicidaire. L’identification des endroits à risque (hot-spots suicidaires) pour permettre des mises en sécurité de ces lieux et la formation des journalistes et intervenants dans les médias, pour faire du traitement médiatique d’un suicide une occasion de prévention, sont des exemples d’actions mises en œuvre. Ces actions ont vocation à être davantage développées encore, sous l’impulsion des agences régionales de santé, afin notamment de mieux préparer les différents milieux de vie et collectifs à réagir efficacement en cas de survenue d’un événement suicidaire. La mise en place depuis le 1er octobre 2021 du 3114, le numéro national de prévention du suicide, est un élément essentiel de la stratégie nationale. Gratuit, accessible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 sur l’ensemble du territoire (France hexagonale et Outre-Mer), ce numéro d’appel permet d’apporter une réponse immédiate aux personnes en détresse psychique et à risque suicidaire, à l’entourage des personnes à risque suicidaire, aux endeuillés par suicide, et aux professionnels en lien avec des personnes suicidaires qui souhaitent obtenir des avis et conseils spécialisés.
Le 3114, c’est déjà 17 centres répondants en région, constitués de professionnels hospitaliers spécifiquement formés (infirmiers et psychologues) placés sous la supervision d’un psychiatre.
Cette journée du 10 septembre est aussi l’occasion de saluer l’engagement citoyen de l’ensemble des bénévoles qui participent à l’effort collectif de prévention du suicide, et, plus largement, qui agissent pour soutenir les personnes en souffrance psychique, que ce soit dans le cadre d’une ligne d’écoute, de maraudes à la rencontre des plus démunis, ou bien encore en tant que secouriste en santé mentale.