Dans un contexte de défiance accrue envers la science et les institutions sanitaires, alimentée par la crise du Covid-19, les bouleversements géopolitiques et la montée des discours complotistes, la lutte contre la désinformation en santé s’impose comme une priorité stratégique pour l’Etat. La diffusion massive de fausses informations médicales, notamment sur les vaccins, l’alimentation ou encore les traitements, met en péril la santé publique, fracture le lien de confiance entre les citoyens et les institutions, et alimente un climat de suspicion propice aux dérives populistes et sectaires. Le phénomène, loin d’être marginal, s’enracine dans notre quotidien numérique et appelle une réponse systémique, transversale et déterminée. Un chantier auquel le ministère en charge de la Santé a décidé de s’atteler.

Omniprésentes sur les réseaux sociaux, les informations trompeuses ou inexactes dans le domaine de la santé sont facilement propagées et peuvent avoir des conséquences néfastes sur la santé des individus.

Pour lutter contre ce phénomène inquiétant, le ministère en charge de la Santé et de l’Accès aux soins se saisit de la question et a organisé un colloque le 18 avril 2025 sur la « Lutte contre l’obscurantisme et la désinformation en santé ». Articulé autour de deux tables rondes regroupant de nombreux experts, il doit donner lieu à plusieurs axes et groupes de travail sur le long terme.

Retour sur le colloque en images

Qu’est-ce que la désinformation en santé ?

La mésinformation est définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme la diffusion de fausses informations par ses auteurs sans intention de nuire ou d’induire en erreur. Ce type d’erreur peut résulter d’une compréhension erronée, d’une interprétation incorrecte, ou encore, d’une transmission inexacte.

La désinformation est conçue ou diffusée (manipulée) en toute connaissance de cause avec l’intention volontaire de tromper et de nuire. Les motivations peuvent être d’ordre économique, idéologique, religieuse, politique ou en faveur d’un programme social.

La mésinformation et la désinformation peuvent toutes deux causer des dommages et représenter notamment une menace pour les processus décisionnels, ainsi que pour la santé, l’environnement ou la sécurité.

La Fake news (ou infox) : ce terme générique désigne l’ensemble des fausses informations, faux articles ou trucages prenant l’apparence de vrais articles ou contenus et présentés sur les réseaux sociaux notamment.

Analyse et conseils en vidéo, de Didier Samuel, PDG de l’Inserm, pour mieux s’informer en santé et lutter contre les fake news.

Chiffres clés :


47 % des Français déclarent avoir déjà été confrontés à une fake news dans le domaine de la santé.

66 % considèrent que le domaine de la santé est exposé aux fake news / informations mensongères

35 % estiment qu’il est difficile de trouver des informations fiables en matière de santé.

Source : Verian pour Harmonie Santé en partenariat avec l’Inserm : « L’information en santé », février 2025.

Quels sont les outils et dispositifs pour y répondre ?

Favoriser la diffusion d’une information de qualité aux sources vérifiées issue de sites et ressources fiables et validées est le premier rempart pour lutter contre la désinformation en santé.

Le site Santé.fr a développé un espace en ligne intitulé « Décryptages » destiné à lutter contre les fake news en santé les plus répandues. Plusieurs articles rappellent également quelques bonnes pratiques et liste les sources fiables en santé issues :

  • Des organismes publics ;
  • Des grands établissements de soins ou de recherche privés ;
  • Des associations professionnelles et de patients ;
  • De la presse scientifique et de l’édition médicale.

Pour combattre la désinformation en santé et « rendre la parole à la science », l’Inserm a lancé Canal Detox. Le site présente une série de vidéos au format court et de textes qui décodent l’actualité et vérifient l’information qui circule en matière de sciences de biologie et santé.

Le saviez-vous ?


Le règlement européen Digital Services Act, entré en vigueur en 2024, a fixé un ensemble de règles pour responsabiliser les plateformes numériques et lutter contre la diffusion de contenus illicites ou préjudiciable dont la désinformation.

Un autre levier consiste à sensibiliser à l désinformation tout en encourageant l’esprit critique dès le plus jeune âge.

L’État ne peut agir seul face à la puissance virale de la désinformation. L’autorité publique, lorsqu’elle s’exprime de façon isolée, est parfois perçue avec défiance.

C’est pourquoi la collaboration avec la société civile est au cœur de la stratégie proposée par le ministère en charge de la Santé. Associations citoyennes, collectifs de soignants, plateformes de fact-checking, journalistes scientifiques, influenceurs engagés, enseignants, parents, créateurs de contenus ont tous ont un rôle à jouer dans la reconquête de la confiance et la diffusion d’une culture critique de la santé. Il s’agit de passer d’une logique descendante de la communication à une mobilisation horizontale, pluraliste et durable.