Le Conseil informel Emploi et Politique sociale de l’Union européenne (EPSCO) s’est tenu à Varsovie le 25 mars 2025. Trois thématiques phares étaient au programme du volet santé : la santé mentale des mineurs, la prévention des maladies et la sécurité d’approvisionnement des médicaments.

Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, a participé le mardi 25 mars 2025 au conseil informel EPSCO (volet Santé), présidé par la Pologne ce semestre, aux côtés de ses homologues de l’Union européenne. Cette réunion était consacrée aux échanges de bonnes pratiques et au développement de coopérations pour la protection de la santé mentale des enfants et des adolescents à l’ère du numérique et à la priorisation des dépenses de prévention dans une situation budgétaire contrainte. Elle a illustré la volonté commune des ministres européens de la Santé de répondre aux défis contemporains avec une approche coordonnée et ambitieuse. La France, par la voix de Yannick Neuder, a réaffirmé son engagement à jouer un rôle moteur dans la construction d’une Europe de la santé plus solidaire, innovante et préventive.

En marge de cette réunion, le ministre s’est entretenu avec Olivér Várhelyi, Commissaire européen à la Santé et au Bien-être animal, afin d’aborder les principaux dossiers européens en cours de négociation.

La santé mentale des enfants et des adolescents dans un contexte de transition numérique : une priorité française et européenne

Sujet porté par les autorités françaises au niveau européen depuis la présidence française du Conseil de l’Union du 1er semestre 2022, la santé mentale des enfants et des adolescents à l’ère du numérique compte parmi les priorités de la présidence polonaise en santé. Alors que la France a fait de la santé mentale une grande cause nationale pour l’année 2025, le ministre a rappelé que la France avait d’ores et déjà mis en place certaines des recommandations formulées par nos experts pour renforcer la sensibilisation auprès des jeunes parents et des établissements scolaires (nouveau carnet de santé, introduction de la « pause numérique » à l’école).

En articulation avec la mise en œuvre du Règlement sur les services numériques (Digital Services Act) ainsi qu’avec la proposition de règlement pour un internet plus équitable (le Digital Fairness Act), Yannick Neuder a ainsi suggéré de structurer l’action européenne au niveau de l’Union de la santé autour des leviers classiques de lutte contre les addictions :

  • Réduire la portée attractive du produit (les écrans) et favoriser des alternatives,
  • Agir sur l’environnement social et numérique depuis le plus jeune âge,
  • Renforcer les capacités de l’individu à agir sur son usage.

Le ministre a, enfin, réitéré la nécessité d’une action concertée au niveau européen, notamment à travers la mise en place d’un standard éthique de conception des services numériques respectueux de la santé mentale des utilisateurs les plus vulnérables.

La prévention au cœur des approches pour améliorer la santé des Français et des Européens

Dans un contexte où les défis sanitaires s’intensifient, où l’instabilité géopolitique fragilise les coopérations en santé et alors que les contraintes budgétaires exigent une efficacité accrue dans la mise en œuvre des politiques de santé publique, il est impératif de partager les connaissances et les outils et de tirer parti des ressources de l’Union et de la coopération entre États membres.

La France soutient pleinement les initiatives destinées à optimiser les ressources et harmoniser les actions de prévention à l’échelle européenne, en s’appuyant notamment sur le programme EU4Health et l’Espace européen des données de santé, les actions conjointes, les réseaux européens de référence comme celui concernant les maladies rares.

Alors que notre stratégie nationale de santé (2023-2033)fait de la prévention une priorité, afin d’agir en amont pour améliorer durablement la santé des populations et leur espérance de vie en bonne santé, le ministre a également souligné que la prévention devait rester un axe majeur de nos politiques sectorielles européennes, de la lutte contre le tabac à la prévention des risques liés à l’utilisation de bancs solaires, ainsi qu’en matière de nutrition et de lutte contre la consommation excessive d’alcool : l’Union européenne doit poursuivre la lutte contre les addictions et favoriser la coordination entre Etats membres.

Le ministre a ainsi rappelé que la France a adopté fin février une loi interdisant les cigarettes électroniques jetables, et soutient activement la révision de la législation européenne sur le tabac avec plusieurs objectifs :

  • réduire l’attractivité des cigarettes électroniques et autres nouveaux produits à base de nicotine,
  • s’attaquer aux défis liés à la vente à distance transfrontières au sein de l’UE,
  • réformer la fiscalité sur les produits du tabac,
  • inciter les responsables de réseaux sociaux au retrait proactif des contenus portant sur la vente ou publicité de produits du tabac et nicotinés sur leurs plateformes.

La sécurité d’approvisionnement des médicaments : remettre le patient au centre

Lors du déjeuner de travail, les ministres ont abordé la question cruciale de la sécurité des médicaments en Europe. Yannick Neuder a rappelé l’importance de réduire la dépendance de l’UE à des pays tiers pour la production des substances pharmaceutiques actives. Il a salué la publication récente du Critical Medicines Act et a plaidé pour une stratégie industrielle ambitieuse qui garantisse l’approvisionnement des patients en médicaments essentiels, même en période de crise.