Il s’agit d’une infection qui apparaît au cours ou au décours d’une prise en soins (diagnostique, thérapeutique, palliative, préventive ou éducative) d’un patient si l’infection n’était ni présente, ni en incubation au début de la prise en soins [1].
- Elle peut survenir dans tout lieu de soins : en ville, en établissement médico-social ou encore en établissement de santé. Dans ce dernier cas on parle d’infection nosocomiale (IN). Ainsi, toute IAS n’est pas une IN, mais toute IN est une IAS ;
- Ces infections sont caractérisées par un délai d’apparition d’au moins 48h après l’admission en secteur hospitalier. Pour les infections du site opératoire, on considère comme associées aux soins les infections survenues dans les 30 jours suivant l’intervention chirurgicale, ou dans les 90 jours qui suivent l’intervention s’il y a mise en place d’une prothèse ou d’un implant [2]
Lorsqu’un individu développe une infection, on distingue :
- Les infections endogènes : le microorganisme responsable de l’infection provient du microbiote de l’individu lui-même.
- Les infections exogènes : le microorganisme provient d’un autre individu (qui peut être un autre patient, un professionnel, un visiteur) ou de l’environnement (surfaces, aliments, eau ou air).
La transmission du microorganisme peut se faire par l’intermédiaire des mains (voie manuportée) ou par voie aéroportée lorsque le microorganisme présent dans l’air est inhalé par l’individu exposé.
La plupart des infections associées aux soins sont secondaires à la réalisation d’un geste invasif chez le patient, par exemple un geste chirurgical, la pose d’une sonde vésicale, d’un cathéter veineux ou d’un tube endotrachéal. Ces gestes et ces dispositifs invasifs créent une porte d’entrée pour les microorganismes. Ces microorganismes peuvent venir par exemple de la peau du patient, des mains du personnel ou du matériel.
Sites d’infections [3] : les 4 types d’infections suivantes représentaient collectivement 71% des IAS en établissement de santé en 2022 selon la dernière enquête nationale de prévalence publiée en 2023.
- Infections urinaires : 28% des IAS en ES ;
- Infections respiratoires : 16% des IAS en ES ;
- Infections du site opératoire : 14% des IAS en ES ;
- Bactériémies (infections liées au cathéter…) : 12% des IAS en ES ;
Micro-organismes les plus fréquents [4] : les 4 microorganismes suivants représentaient collectivement 48% des microorganismes isolés d’IAS en établissement de santé en 2022.
- Escherichia coli : 22% des IAS en ES ;
- Staphylococcus aureus (communément appelé staphylocoque doré) : 12% des IAS en ES ;
- Enterococcus faecalis : 7% des IAS en ES ;
- Pseudomonas aeruginosa : 7% des IAS en ES.
Certains facteurs de risque sont liés au profil du patient :
- Âges extrêmes : nouveaux nés prématurés et personnes âgées ;
- Comorbidités : obésité, dénutrition, diabète, immunodépression ou cancer (solide ou hématologique) ;
- Affection engageant le pronostic vital à 1 ou 5 ans ;
D’autres au contexte d’hospitalisation :
- Port de dispositif invasif tels que cathéters, sonde urinaire, assistance respiratoire ;
- Intervention chirurgicale
- Hospitalisation prolongée
Les professionnels respectent différentes mesures telles que la désinfection fréquente des mains par un produit hydroalcoolique, le nettoyage et la désinfection du matériel et des locaux, ou encore le respect de mesures d’asepsie lors d’une intervention chirurgicale, ou de la pose d’un dispositif invasif.
Le patient peut aussi contribuer à limiter les risques d’IAS, en
- Se désinfectant les mains régulièrement
- Portant un masque pendant les périodes d’épidémies virales hivernales
- Respectant les recommandations délivrées par les professionnels en cas d’intervention chirurgicale (douche préopératoire par exemple)
- Évitant de toucher aux cathéters ou sonde urinaire
- Encourageant ses visiteurs à se désinfecter les mains en entrant et en sortant de la chambre et à porter un masque en période d’épidémie hivernale.
En 2022, parmi les patients hospitalisés 5,71% présentaient une IAS [5].
Les infections localisées à un organe comme les infections urinaires sont plus faciles à traiter que les infections généralisées comme les bactériémies. D’autres facteurs interviennent dans la gravité d’une infection comme le profil médical du patient (une infection sera plus sévère chez un patient immunodéprimé ou ayant des comorbidités ou un âge extrême), ou l’existence d’une résistance aux antibiotiques des bactéries responsables de l’infection, qui rendra l’infection plus difficile à traiter.
On estime en France environ 3000 à 4000 décès par an liés aux IAS en établissement de santé [6].
La lutte contre les infections associée aux soins est soutenue par deux piliers [7] :
- La prévention et contrôle des infections associées aux soins (PCI), veillant à la réduction de l’incidence des IAS ;
- Le bon usage des antibiotiques (BUA), veillant à la réduction de l’incidence de l’antibiorésistance et facilitant les modalités de traitement.
Ces deux piliers sont repris dans la stratégie nationale de prévention des infections et de l’antibiorésistance en santé humaine 2022-2025.
Ils sont relayés à l’échelle régionale par 2 structures différentes :
- Les Centres de prévention des infection associées aux soins (CPias). Ils coordonnent la stratégie régionale de PCI. Ils pilotent notamment les équipes opérationnelles d’hygiène (EOH) des établissements de santé ainsi que les équipes mobiles d’hygiène (EMH) qui interviennent dans les EHPADs ;
- Les Centres régionaux en antibiothérapie (CRAtb). Ils coordonnent la stratégie régionale de BUA. Ils pilotent notamment les référents en antibiothérapie des établissements de santé et les équipes multidisciplinaires d’antibiothérapie [8].
Chaque établissement de santé abrite une équipe opérationnelle d’hygiène, encore appelée équipe de prévention du risque infectieux. Experte dans la prévention du risque infectieux, elle inscrit son action dans la démarche globale d’amélioration continue de la qualité et sécurité des soins de l’établissement.
- Elle définit et veille à l’application du programme de prévention des infections associée aux soins ;
- Elle apporte son expertise sur les projets d’aménagement de locaux et d’acquisition d’équipements ;
- Elle participe aux actions de maîtrise de l’acquisition de résistances aux anti-infectieux des micro-organismes et en limite leur diffusion en collaboration avec les différents experts ;
- Elle assure une veille scientifique et réglementaire.
Santé publique France pilote un réseau de prévention des infections associées aux soins constitué de 5 missions nationales parmi lesquelles on trouve la mission SPICMI (Surveillance et prévention du risque infectieux en chirurgie et médecine interventionnelle) et la mission SPIADI (surveillance et prévention des infections associées aux dispositifs invasifs) ;
Ces missions nationales rédigent des rapports annuels permettant entres autre le suivi de la surveillance des IAS au niveau national et régional [9].
La Haute autorité de santé recueille régulièrement différents indicateurs permettant d’évaluer l’engagement de l’établissement dans la prévention des infections associées aux soins :
- ICSHA : Consommation de produits hydro-alcooliques
- ISO-ORTHO : Infections du site opératoire après pose de prothèse totale de genou ou de hanche
- PCC : Bonnes pratiques de précautions complémentaires contact
- ATBIR : taux de patients ayant une prescription d’antibiothérapie de 7 jours ou moins pour une infection respiratoire basse
Les résultats sont disponibles sur le site Qualiscope
La prévention des IAS est aussi évaluée lors de la certification des établissements de santé par différents critères. Pour en savoir plus site de la HAS.
L’European Center for Disease prevention and Control (ECDC) a publié les résultats d’une enquête menée entre 2022 et 2023 relatives aux IAS en établissement de santé, les résultats montrent :
- 7,1% des patients hospitalisés contractent au moins une IAS en Europe, une part légèrement supérieure à celle observée en France
- Les micro-organismes les plus fréquemment retrouvés, restent sensiblement similaires à ceux retrouvés en France, hormis quelques exceptions : E. coli, Klebsiella spp., Staphylococcus aureus, Enterococcus spp., Pseudomonas aeruginosa et Clostridioides difficile
Les sites d’infections les plus couramment retrouvés sont :
- Infections respiratoires : 31% des IAS
- Infections urinaires : 20% des IAS
- Bactériémies : 13% des IAS
- Infections du site opératoire : 12% des IAS
Si la fréquence des différents sites varie par rapport à la situation française, ce sont bien les mêmes types d’infection que l’on retrouve chez nos voisins européens.
[2] Enquête nationale de prévalence 2022 des infections nosocomiales et des traitements anti-infectieux en établissements de santé