La 22ème édition de la journée pour un internet plus sûr, (le « Safer Internet Day »), est placée cette année sous le thème de la citoyenneté numérique à l’ère de l’intelligence artificielle (IA). Elle constitue une occasion de revenir sur les derniers constats sanitaires liés à l’exposition des enfants aux écrans. La diffusion massive des IA prédictives et génératives sur ces supports soulève également des questions quant aux répercussions de certains de leurs usages sur la santé physique et mentale des jeunes. Dans ce contexte, le rapport de la commission « Enfant et écrans » a formulé plusieurs préconisations sur l’âge d’exposition aux écrans et aux différents contenus, tout en cherchant à renforcer l’accompagnement à la parentalité numérique.

Des risques sanitaires avérés liés à la surexposition des enfants aux écrans

Le rapport « Enfant et écrans. A la recherche du temps perdu » publié en avril 2024 par une commission pluridisciplinaire, constituée sur initiative du Président de la République et présidée par la Dr Servane MOUTON et le Pr Amine BENYAMINA, a permis de renforcer les connaissances scientifiques relatives aux conséquences sanitaires de l’exposition des enfants aux écrans, justifiant ainsi une action ambitieuse en la matière.

La 22ème édition du Safer Internet Day sous le thème de la citoyenneté numérique à l’ère de l’IA, constitue en ce sens une opportunité de questionner la généralisation des IA et, tout en abordant plus largement l’enjeu majeur de la santé des enfants face aux écrans.

Les écrans, et notamment l’accès à Internet et aux réseaux sociaux, présentent un potentiel important d’amélioration de la vie de nos enfants : élargissement des horizons d’échange, connexion à des communautés pour les jeunes les plus marginalisés, stimulation de leur curiosité, ou encore développement de la créativité et de l’estime de soi. Toutefois, l’accès non encadré à l’ensemble des contenus qui sont accessibles à travers un écran comporte des risques pour leur santé mentale et physique.

Sur le plan de la santé mentale, l’exposition à des contenus violents, haineux ou à caractère pornographique suscite des risques majeurs, en particulier en cas de vulnérabilités préexistantes. Ces derniers peuvent se concrétiser par l’émergence de troubles de l’estime de soi, de troubles anxiodépressifs et de troubles de la sexualité. En parallèle, l’utilisation d’IA prédictives dans la conception des algorithmes de recommandation personnalisés, favorise une forme « d’enfermement » des utilisateurs dans des bulles de filtres. La dimension addictogène de certains mécanismes de captation de l’attention qui sont déployés sur ces plateformes participe enfin à l’apparition de risques pour la santé physique, l’exposition excessive aux écrans étant associée négativement au manque de sommeil, à la myopie et à l’obésité.

Des menaces accrues à prendre en compte collectivement

La Commission souligne également les menaces croissantes pesant sur l’intégrité physique des enfants et des adolescents. Les phénomènes tels que la « sextorsion », le « grooming », l’hameçonnage par des pédocriminels connaissent une nette augmentation. L’essor des IA génératives susceptibles de servir à la création de contenus réalistes à partir de données existantes facilite ces dérives et amplifie les risques pour les jeunes publics. La Commission « Enfants et écrans » alerte au sujet de la tendance croissante à la diffusion de « deep fakes », qui sont de fausses images générées à partir de véritables photos, parfois publiées par les enfants eux-mêmes. Au regard de ces différents constats, il est primordial que chaque famille, ainsi que la société dans son ensemble veillent dès à présent à mieux connaitre et encadrer les usages des écrans de nos jeunes.

Des préconisations et des ressources pour aider les parents

Le rapport de la Commission « Enfant et écrans » préconise :

  • L’interdiction totale avant 3 ans et l’absence d’écran allumé dans une pièce où se situe l’enfant (téléviseur, tablette, ordinateur…), même s’il ne le regarde pas.
  • Un usage toujours déconseillé entre 3 et 6 ans, qui doit rester occasionnel, limité à des contenus à qualité éducative et accompagné par un adulte.
  • Après 6 ans, poursuivre une modération et contrôle dans l’exposition aux écrans
  • L’absence d’utilisation de smartphones connectés à internet avant 13 ans
  • L’absence d’accès aux réseaux sociaux avant 15 ans.

L’accompagnement à la parentalité numérique apparaît aujourd’hui comme l’un des principaux moyens de favoriser la diffusion et la mise en œuvre des préconisations de la commission. Les parents peuvent, par ailleurs, dès à présent consulter les messages de prévention intégrés à la nouvelle version du carnet de santé de l’enfant. Le projet du parcours 1000 premiers jours permet également de renforcer la sensibilisation des parents et des professionnels de la petite enfance au risque spécifique que représente la diminution de la qualité et de la quantité des interactions entre les adultes et les enfants, en lien avec la consommation de contenus numériques en leur présence, phénomène que l’on désigne par le terme de « technoférence ». Enfin, de nombreuses ressources existent pour accompagner les parents et les professionnels, notamment proposées par des associations ; un label intitulé “P@rents, parlons Numérique”, projet piloté par l’Union nationale des associations familiales, permet d’identifier des projets locaux sur la parentalité numérique.

En savoir plus :

  • Je Protège Mon Enfant | Plateforme d’information et d’accompagnement à la parentalité numérique du gouvernement
  • e-Enfance |Association de protection de l’enfance sur internet

Sources :

_Rapport de la Commission MOUTON-BENYAMINA « Enfant et écrans. A la recherche du temps perdu », publié en avril 2024

_Génération numérique, Enquête sur les contenus choquants accessibles aux mineurs, février 2023

_Etude de l’ARCOM sur la Fréquentation des sites adultes par les mineurs, mai 2023.